« Continuer ou abandonner, se relever ou rester à terre, se battre ou se rendre, être un héros ou être un lâche, vivre ou mourir. »
Je suis là, assise sur une chaise en plastique. J'agite mes pieds, je fais tourner ma tête de droite à gauche, doucement. Sur le mur blanc face à moi, il y a une pendule. Et j'ai l'impression que les aiguilles ne font que reculer. J'attends. A côté de moi, il y a un couple, qui semble être dans le même état que moi. J'attends ma fille. Je suis une mère, on m'a appelée il y a plus de deux heures. Ma fille a été admise aux urgences, après un grave accident de voiture. Je suis arrivée aussi vite que j'ai pu, grillant des feux tricolores. Et maintenant, je suis assise sur cette fameuse chaise en plastique. Ma fille je l'ai vue, cinq minutes à peine. Les hommes blancs l'ont vite emportée. Ils m'ont dit de rester ici, de prendre un café pour me détendre, et d'attendre. Donc j'attends. Je vois, ces hommes en blanc, ou parfois en bleu. Ils s'agitent, ils courent partout. Certaines se prennent des fous rires avec les camarades, pendant que les gens comme moi attendent. Des dizaines de sons retentissent, des sonneries de téléphone, des bips, le grincement des roues des lits transportés, les cris des personnes détruites. C'est encore une heure et demi après, j'étais presque endormie sur ma chaise en plastique, j'avais mal partout. Un de ces hommes blanc s'est approché de moi, j'eus un soupir de soulagement lorsque celui ci, m'a sourie pour m'annoncer une bonne nouvelle. Ils ont réussi à sauver ma fille. Apparemment elle n'avait rien de grave, mais j'étais tellement heureuse. Je me sentais presque coupable d'être heureuse, alors que le couple à côté de moi apprenait de mauvaises nouvelles.
Le Seattle Grace Hospital, c'est ici que nous sauvons des vies. Ou du moins que nous essayons. Nous passons la majorité de notre temps ici. On travaille ici, on dort ici, on mange ici, on rencontre l'amour ici, bref toute notre vie est basée sur cet endroit. Nous aimons être ici. Nous avons passé tellement d'années, dans les amphithéâtres, à étudier. Passer des nuits entière sur nos mémoires pendant que les autres étudiants passaient les soirées dans boites de nuit. Bien sur ça nous arrivait aussi, mais ce n'était pas toujours quelque chose de bien pour nos carrières. Beaucoup d'entre nous, sommes là pour sauver des vies. Nous voulons être chirurgiens. Cette vie n'est pas toujours facile. Il faut souvent se sacrifier. Passer moins de temps avec son époux, choisir une spécialité, écouter les patients, vivre nous aussi.